vendredi 26 septembre 2008

La sphère et l'intervalle

Le schème de l'Harmonie dans la pensée des anciens Grecs d'Homère à Platon

Anne Gabrièle Wersinger



Paru le: 23/09/2008
Editeur : Millon
Collection : horos
Prix : 30 €A une époque où disparaît la philosophie, l'urgence se fait sentir d'en explorer les limites, non pour la ressusciter, mais pour comprendre ce qui a été possible sans elle et avant elle.
Plutôt que de s'épuiser à reconstituer un corpus à jamais fragmentaire, à jamais dépendant du dernier papyrus découvert, on choisit dans cet ouvrage d'explorer, dans une langue parlée avant l'avènement des philosophes, la récurrence de certains mots que nous traduisons aujourd'hui par " infini ", " limite ", " un ", " multiple ". En examinant ces termes en amont de la philosophie, en les replongeant dans le terreau de la langue parlée par les " poètes ", on découvre qu'ils prennent sens dans un ensemble d'images qui structure la réflexion et l'expérience des anciens Grecs et constitue ce qu'on peut appeler un schématisme.
Or, le schème qui opère dans tous les domaines, de l'art du charpentier à celui de l'aède, de la physiologie à la cosmologie est celui de l'harmonie. En traquant le schème de l'harmonie à travers la philologie, l'histoire des sciences et des techniques comme la musique, la physiologie ou l'astronomie, l'ouvrage retrace le cheminement souvent non linéaire qui conduit du schème homérique de l'harmonie, à ses modification ; chez les auteurs tels qu'Héraclite, Empédocle, Parménide, Zénon, ou les Pythagoriciens.
Abordé dans la perspective d'une anthropologie de la technique, chacun des auteurs examinés illustre une manière de fabriquer une balle qui concrétise sa démarche. On découvre ainsi que dans le premier schème de l'harmonie matérialisée par le cercle rabouté et la sphère, le mot " infini " désigne la circularité parfaite, alors que quelques siècles plus tard le même mot sert à désigner l'Intervalle des relatifs quand harmoniser revient à unifier.
Les représentations éthiques sous-jacentes aux épistémologies de l'harmonie sont ainsi mises en lumière : l'auteur montre que si chez Homère, l'harmonie, en opérant au moyen de la cheville ou de l'agrafe, a pour effet de préserver le multiple dans ses manifestations singulières, il n'en est plus de même à l'aube du Ve siècle où le multiple se voit réduit à la différence comparative, dans une harmonie de la proportion d'où il devint à jamais impossible de penser la diversité sans l'assimiler au risque de désordre.
Au fil de cette étude, le lecteur est amené à comprendre les enjeux réels de la question de l'harmonie, abordée pour la première fois comme la question des limites de la philosophie.

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