mardi 24 février 2009

La philosophie de la médecine d'Auguste Comte - Vaches carnivores, Vierge Mère et morts vivants

Jean-François Braunstein



Paru le : 18/02/2009
Editeur : PUF
Collection : science, histoire et société
Prix : 22 €

Auguste Comte, l'inventeur du " positivisme ", n'est pas un philosophe positiviste des sciences comme les autres.
L'importance qu'il accorde à l'histoire des sciences, sa critique de la " méthode " et du " psychologisme ", son attention à la diversité et à l'irréductibilité des sciences, ses objectifs politiques annoncent bien plutôt une pensée post-positiviste ", illustrée par Georges Canguilhem ou Michel Foucault. De même l'inspiration biologique et médicale du système comtien est particulièrement moderne. La biologie sert de modèle à la sociologie, avec les notions d'organisme et surtout de milieu.
Avec la philosophie comtienne de la " médecine synthétique ", le cerveau devient pour la première fois un objet philosophique à part entière. Et la politique de l'avenir est décrite comme une " biocratie ", une politique de la vie et de la santé, que Comte résume en trois " utopies positives " : longévité indéfinie, " vaches carnivores " et " Vierge Mère ", c'est-à-dire pro-création artificielle. Comte est enfin le fondateur d'une religion étrange, organisée autour d'un véritable culte des morts, censés " gouverner les vivants ", qui inspira aussi bien Barrès qu'aujourd'hui Houellebecq.
L'un des trois aphorismes de cette religion, " ordre et progrès ", figure toujours sur le drapeau brésilien. Les deux autres, " vivre pour autrui " et " vivre au grand jour ", sont des impératifs trop peu discutés. Étudier ces aspects méconnus, et étonnamment contemporains, de l'œuvre d'Auguste Comte permet sans doute de mieux comprendre notre présent, et de le juger.

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