mardi 31 décembre 2013

Donner La Vie, Donner La Mort. Psychanalyse, Anthropologie, Philosophie

Lucien Scubla


Le Bord de l'eau - "La bibliothèque du Mauss" - Décembre 3013

Chacun sait que les femmes mettent au monde les enfants et que les hommes n’ont pas ce pouvoir, mais la pensée occidentale moderne tend à effacer cette prérogative féminine et l’asymétrie native des sexes. Non moins que l’art ou la littérature, les sciences humaines répugnent à caractériser la femme par sa capacité à donner la vie. L’anthropologie structurale voit en elle un objet d’échange permettant de nouer des alliances plutôt que le vecteur de la continuité des générations ; la théorie œdipienne fait de la mère elle-même un objet libidinal plutôt qu’une gardienne de la vie.

Confrontant de nombreuses données ethnographiques et cliniques avec leurs interprétations communément reçues, cet ouvrage tente de mettre au jour les racines de cette dénégation. Paraissant à l’occasion du centenaire de Totem et tabou, il vise à réhabiliter son principal objectif : ébaucher une anthropologie postulant une source commune à la famille et à la religion, et cherchant à comprendre comment les rituels parviennent à conjuguer la violence et le sacré, à entrelacer don de mort et don de vie.

Jean Baudrillard et Le Centre Pompidou. Une Biographie Intellectuelle

Valérie Guillaume (dir.)


Éditions du Bord de l’Eau, INA, Centre Pompidou - Décembre 2013

Intellectuel visionnaire et inclassable, Jean Baudrillard reste l’un des théoriciens français dont la pensée a le plus profondément marqué la seconde moitié du xxe siècle. Très étudié aux États-Unis et dans le reste du monde, on ne compte plus aujourd’hui les ouvrages qui continuent de lui être consacrés à l’étranger, tant sa vision non conformiste de la société de consommation, des technologies mais aussi de la séduction et de son cher « désert » d’Amérique reste d’actualité. Il manquait pourtant, à cette postérité remarquable, un ouvrage retraçant son parcours intellectuel.
Ce livre en constitue une première esquisse. La première biographie intellectuelle d’un homme qui ne se reconnaissait ni sociologue, ni philosophe, ni théoricien de la culture, mais qui était un peu cela tout à la fois. Et photographe !
Publié en partenariat avec le Centre Georges Pompidou et l’Institut national de l’audiovisuel, le livre est introduit par le sémiologue italien Umberto Eco. Il comprend un grand nombre d’inédits autour la période de la collaboration de Jean Baudrillard avec le Centre de création industrielle et la revue Traverses : enregistrements sonores pour France Culture, conférences-débat au Centre Pompidou, à l’université d’Urbino (Italie), à Aspen (Colorado) et à Kyoto. On y trouvera aussi une bibliographie raisonnée recouvrant pour la première fois l’ensemble de ses écrits en France et à l’étranger durant les années 1975-1988, complétée de manière originale par un aperçu de la bibliothèque personnelle de Jean Baudrillard.

Sont inclus également :
– Six essais de personnalités qui nous livrent ici leur approche d’une œuvre sans cesse en mouvement qui ne se laisse pas circonscrire aisément. Pour la plupart n’ayant jamais côtoyé Jean Baudrillard de son vivant, elles portent aussi un regard de la nouvelle génération sur l’œuvre du théoricien des années post-68.
– Un cahier photos de 32 pages avec des fac-similés issus des propres archives de Jean Baudrillard qui nous font plonger au cœur même de son travail : livres qui l’ont influencé, éditions annotées de sa main, pages de tapuscrit corrigées et biffées, collages…

lundi 30 décembre 2013

Populisme/ Contre-populisme

Actuel Marx 2013 n° 54


Presses universitaires de France - Octobre 2013

Le développement de la crise s'accompagne, tout particulièrement en Europe, d'une inquiétude croissante concernant le populisme. D'un côté, la progression de différents partis ou mouvements nationalistes xénophobes fait du "populisme" l'un des pires dangers politiques de l'époque. De l'autre, la plupart de ceux qui ont critiqué les politiques austéritaires et non-démocratiques qui sont la source de ces dangers, se sont vus dénoncés comme "populistes".
Le populisme, fantôme bifide, hante l'Europe et il conditionnera sans doute son avenir. Comment les populismes se rattachent-ils à la fonction centrale conférée au "peuple" dans la politique moderne ? Comment rendre compte de la variété des populismes, au-delà des consensus stigmatisants ? Quelle est la meilleure réponse aux populismes nationalistes et xénophobes : un populisme de gauche ou un contre-populisme ? Ces questions sont considérées ici dans leurs implications générales et sous des formes concrètes (Grèce, Italie et Venezuela notamment).

Sommaire

Dossier
Étienne Balibar, Europe : l'impuissance des nations et la question « populiste »
Gérard Bras, Le peuple entre raison et affects. À propos d’un concept de la politique moderne
Jean-Claude Bourdin, Marx et le lumpenprolétariat
Federico Tarragoni, La science du populisme au crible de la critique sociologique : archéologie d’un mépris savant du peuple
Guillaume Sibertin-Blanc, Du simulacre démocratique à la fabulation du peuple : le populisme minoritaire
Sebastián Barros, Le préjugé politique et le peuple. Note sur les populismes latino-américains
Boaventura de Sousa Santos, Chávez: l’héritage, les défis
Yannis Stavrakakis, Peuple, populisme et anti-populisme : le discours politique grec à l’ombre de la crise européenne
Ida Dominijanni, Populisme post-œdipien et démocratie néo-liberale. Le cas italien

Interventions
Emmanuel Renault, Dewey, Hook et Mao : quelques affinités entre marxisme et pragmatisme
Vincent Houillon, Restitution de Marx. Lectures croisées de Michel Henry et Jacques Derrida
Jean-Christophe Angaut, Retour sur les critiques anarchistes du marxisme

Entretien
Aditya Nigam, Marxisme, modernité et politique d’émancipation en Inde

Livres

http://actuelmarx.u-paris10.fr/indexr.htm

Derrida – Un démantèlement de l’Occident

Jean-Clet Martin


Max Milo - Coll. L'Inconnu - Octobre 2013

La déconstruction est le concept qui a rendu mondialement célèbre Derrida. Mais personne encore n'a exploré suffisamment cette stratégie de déconstruction, fragmentaire plus que monumentale. Pour la première fois, Jean Clet Martin en offre une lecture intégrale. Il suit le cheminement de Derrida, tendu vers le lointain, l'ailleurs, pratiquant une véritable expérience de la "différence". S'y affirme une autre vision de l'homme, de ta femme, de la sexualité, de l'ami, de l'animal... L'Occident n'a jamais su penser l'Autre, refusant de concevoir la différence à laquelle notre économie impose l'identité d'une pensée unique. Mais penser vraiment, c'est entrer dans une confrontation, dans une différence radicale au risque de se perdre. Penser avec justice nous entraîne sur une limite qui n'est pas celle de l'homme blanc, majoritaire, lui qui consomme tous les vivants et détruit ce qui apparaît comme étranger. D'où le besoin urgent de créer des mots nouveaux, d'aller voir ce qui circule dans la marge, hors de l'Occident mais encore dans les folies de l'art si souvent incomprises. La déconstruction apparaît alors en un dépaysement qui fait de Derrida comme un Peau Rouge ou un marrane solitaire...



L'Idée d'Europe. Prendre philosophiquement au sérieux le projet politique européen

Jean-Marc Ferry (dir.)


Presses universitaires de Paris-Sorbonne - Novembre 2013 - 300 p. 18 €

L'idée d'Europe, telle qu’elle se forme dans les rêves de paix et d’unité des philosophes du XVIIIe ; l’idée d’Europe venant parachever, au XIXe siècle, la reconnaissance de la diversité des cultures ; infléchie, au XXe siècle, par l’impossibilité d’assumer l’expérience totalitaire, puis par la mise au jour de « l’imposture technocratique » ; l’idée d’Europe, romantique, puis critique, puis économique, et de façon plus incertaine : politique, questionne les peuples, les cultures, les nations, et un au-delà des nations, comme territoires de la démocratie, comme socles identitaires, comme espaces d’exercice des droits de l’homme, comme lieux de l’édification d’une société de bien-être. Entre les logiques fondationnelles de préservation d’un héritage culturel, religieux, rationnel, spirituel, et les logiques processuelles promotrices d’une intégration libre et dynamique entre les peuples, se tiennent les enjeux noués autour du nationalisme, de l’eurocentrisme, ou encore de l’universalisme, ainsi que les divergences sur les finalités de l’Union, tout comme sur les moyens de poursuivre sa construction : s’agit-il de former une communauté politique ou d’assurer l’équivalent non étatique d’un état de droit dans l’espace européen ? Comment stabiliser le lien politique entre les États, les peuples et les citoyens tout en maintenant un authentique pluralisme ? L’idée d’Europe, si elle venait pour finir, comme le souhaitent les auteurs de cet ouvrage, à incliner vers un idéal cosmopolitique, ne pourrait faire l’économie de prendre sa source à l’action concertée des peuples et de leurs représentants, dans l’invention d’une concitoyenneté effective et l’établissement d’institutions démocratiques, pour la constitution d’un véritable espace public transnational.

dimanche 29 décembre 2013

Pour un monde habitable. Tome 2. La Terre-Sol

Yves Charles Zarka (dir.)


Armand Colin - Collection Émergences - 288 p - à paraître le 05/02/2013

Second volume de la série destinée à penser le monde de demain. Après avoir déterminé les lieux où les lignes se déplacent, il s'agit de formuler les défis auxquels notre monde est confronté. Les problématiques environnementales imposent de penser à nouveaux frais les choix collectifs pour l’avenir. Il convient donc sans tarder de réexaminer les outils et les méthodes dont nous disposons et de développer de nouvelles approches pour répondre à ce défi de l’avenir. Ce défi porte sur la mise au point de récits et de modèles qui prennent en compte de nombreuses limites, en particulier la finitude de la terre, la finitude des ressources et la non substituabilité de certaines ressources. Les auteurs s’interrogent notamment sur les modèles susceptibles de remplacer la conception traditionnelle du progrès qui reposait sur l’idée d’une richesse inépuisable de la nature.



Essais de philosophie juive

Esther Starobinski-Safran


Albin Michel - Janvier 2013 - 256 p. - 20 €

Du monde hellénistique aux grandes heures de la culture allemande en passant par l’âge d’or de la civilisation islamique, philosophie et judaïsme n’ont cessé de cheminer ensemble. Philon d’Alexandrie, Maïmonide, Yehuda Halévi, Ibn Gabirol, Hermann Cohen, Franz Rosenzweig, Martin Buber, Hannah Arendt et tant d’autres ont su vivre pleinement et l’expérience philosophique et le destin juif ; pris ensemble, leurs parcours singuliers dessinent une trajectoire universelle. Éminente spécialiste du sujet, Esther Starobinski-Safran a consacré à ces figures exceptionnelles de nombreuses études. Elle a réuni ici les plus importantes, qui montrent comment ces philosophes ont réussi à articuler la Raison et la Révélation, et comment ils ont dialogué entre eux à travers les âges, constituant les harmoniques d’une symphonie ininterrompue.

vendredi 27 décembre 2013

Fondements de l'histoire de la musique

Carl Dahlhaus



Actes Sud - Mars 2013 - 35 €

Depuis une trentaine d’années, la conception traditionnelle de l’histoire de la musique, essentiellement narrative, est radicalement remise en question. Le présent ouvrage, paru en 1977, mais jusqu’à présent inaccessible en traduction française, a été l’un des catalyseurs de ce bouleversement.

Les écrits de Carl Dahlhaus (1928-1989) couvrent la quasi-totalité du champ musical, de la musique de la Renaissance à celle du xxe siècle et de l’analyse musicale à l’historiographie en passant par l’esthétique.

Le musicologue allemand développe ici une réflexion profonde et riche sur les bases théoriques de l’histoire de la musique dont il traque sans complaisance les contradictions et les difficultés. L’oeuvre musicale, pierre angulaire de son entreprise historiographique, est appréhendée dans sa double nature historique et esthétique : legs documentaire du passé, mais aussi – et surtout – objet d’écoute et de contemplation suscitant des expériences constamment réactualisées. Comment écrire une histoire de la musique capable de reconstituer la vie musicale du passé tout en rendant justice au caractère toujours actuel d’oeuvres musicales dont la beauté est intemporelle ? Comment, en d’autres termes, concilier la distance historique et la présence esthétique de la musique ? 

Les Fondements restent une référence essentielle pour toute réflexion sur l’historiographie de la musique et des autres modes d’expression artistique. Si le bilan proposé est ancré dans le contexte de la fin des années 1970, les questions qu’il soulève restent, plus de trente ans après sa rédaction, d’une grande actualité.

Paul Ricœur. L’herméneutique du récit au carrefour des sciences

Anselme Paluku Tsongo


Academia - 2013 - 22 €

Le livre s’applique à une étude brève mais saillante de la notion de narrativité telle qu’abordée par le philosophe Paul Ricœur. Il s’agit surtout de montrer que l’auteur de Temps et Récit (1-3) a opéré une véritable traversée scientifique pour une étude fouillée et bien documentée de l’acte de raconter et de ses capacités opératoires. Le but dernier du livre est de montrer l’interdisciplinarité en œuvre dans l’élaboration des notions philosophiques.

lundi 23 décembre 2013

C'est reparti...


... sur Blogger, pour "Les Livres de Philosophie", après un an passé sur Scoop it! (devenu trop limité dans sa version gratuite : bye bye).

http://www.scoop.it/t/les-livres-de-philosophie