jeudi 1 mars 2018

Sylviane Agacinski : Le tiers-corps. Réflexions sur le don d'organe

Le Seuil - Mars 2018


" Une peinture de Fra Angelico représente saint Côme, patron des chirurgiens, et son frère Damien, au chevet d'un sacristain auquel ils sont en train de greffer la jambe d'un Maure.
Comment les célèbres médecins s'étaient-ils procuré la jambe de l'Africain ? La fable ne le dit pas. Était-il donneur ? Mort ou vif ? Avait-il vendu un de ses membres ? Ou bien s'était-on simplement emparé de la jambe d'un homme de peu d'importance ?
Ce personnage manque dans la scène. Ni médecin ni malade, il est le tiers dont le corps est requis par la transplantation : je l'appellerai le tiers-corps."
S. A.

Au cours de ses réflexions sur la transplantation, dans sa dimension à la fois technique et sociale, Sylviane Agacinski souligne l'ambiguïté d'une pratique médicale qui sauve de nombreuses vies mais crée aussi une " demande d'organes " : comment y répondre ?
D'abord, soutient l'auteur, en protégeant le corps des vivants face aux ultra-libéraux, partisans d'un marché légal des organes, et aux trafiquants dont les miséreux et les réfugiés sont victimes, lorsque les États laissent faire. Ensuite, en privilégiant le don de soi post mortem, librement consenti, plutôt qu'en maintenant le stratagème du " consentement présumé du défunt ". Sylviane Agacinski s'appuie ici sur Marcel Mauss pour en appeler à une société solidaire, dans laquelle chacun peut à son tour recevoir ou donner et, quelquefois, transmettre la vie par-delà la mort.

Philosophe, Sylviane Agacinski a publié au Seuil Politique des sexes (1998), Le Passeur de temps. Modernité et nostalgie (2000), Journal interrompu, 24 janvier-25 mai 2002 (2002), Métaphysique des sexes, masculin/féminin aux sources du christianisme (2005), Engagements (2006), Drame des sexes. Ibsen, Strindberg, Bergman (2008) et Femmes entre sexe et genre (2012).

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et jamais personne pour parler des traitements anti-rejet qui à long terme (mais parfois très rapidement) sont mortels !
plein de maladies induites graves : cancers de peau, pb psychiatrique : la cortisone au long court, pb gastriques invalidant, perte musculaire importente, ostéoporose, perte champ visuel , hirsurtisme, etc... (ce sont les Labo qui se frottent les mains !) -

et à peine si on ose parler du scandale du "consentement présumé" (merci Mme Agacinski de l'évoquer, mais pas assez ...) et d'une définition de la mort nouvelle (bah oui faut s'adapter et permettre aux préleveurs charogneurs de prélever même si vous n'êtes pas mort ...) nouvelle définition de la mort "la mort encéphalique" - électro-encéphalogramme plat dont certains reviennent , comme du coma - mais vite : on vous dépèce en mille morceaux, sans plus même demander l'avis des familles ...

HONTE à eux !